Témoignage de Gemma, à l'occasion de la sortie du rapport sur l'état de la pauvreté
À l’occasion de la sortie du rapport statistique national, nous avons invité quelques personnes qui fréquentent le petit déjeuner place Lavalette, dans la cour du diocèse à Grenoble, à venir témoigner devant les journalistes.
France 3 Alpes, les radios France Bleu Isère et RCF et le Dauphiné Libéré ont répondu présents à notre invitation.
« J’étais loin d’imaginer qu’un jour je vivrais tout ça. Mon mari m’a laissé dans une situation financière catastrophique. J’étais AVS dans l’éducation nationale. J’ai une petite retraite : 761€ et 189€ de complémentaire.
J’habite à l’île verte, une grande partie de ma retraite sert à payer mon loyer et mes factures. Après il ne reste plus rien. Cela fait des années que c’est comme ça. J’arrive à saturation. Au 16 du mois, je n’ai plus rien. Je me débrouille toujours pour manger. Mais faut toujours réfléchir à ce qu’on a dans le frigo.
Je viens au Secours Catholique et je vais au Vieux Temple chercher un casse-croute puis je rentre chez moi. […] Les bénévoles font un travail qui n’est pas donné à tout le monde. Je les remercie. Je discute bien avec Hortense, j’aime dialoguer avec elle, c’est important, c’est le temps où je discute. L’après-midi, je ne sors pas. Cela me fait un but le matin. Quand on ne bosse plus, ce n’est plus la même vie. Cela me pèse, cela me manque de ne plus travailler. J’ai perdu beaucoup de liens. Je n’ai pas les moyens d’aller boire un café avec une copine.
[Au petit déjeuner du Secours Catholique], je rencontre des personnes dans des situations plus difficiles, sans logement. Il faut côtoyer les personnes pour comprendre ce qui se passe. »
État de la pauvreté en France 2022
En Isère, la majorité des ménages (57 %) qui nous demandent de l’aide financière ou matérielle vivent sous le seuil d’extrême pauvreté (soit 453 €/mois, et 82 % sous le seuil de pauvreté soit 1 132 €). Leurs principales demandes concernent le loyer, les factures EDF et l’alimentation, mais aussi la cantine, les fournitures scolaires et les loisirs pour leurs enfants.
Nous constatons dans nos permanences d’accueil à Voiron, St-Marcellin, Bourgoin-Jallieu ou Vienne notamment, des demandes d’aide en forte hausse cette année venant principalement de :
- ménages en difficulté financière ne pouvant faire face à l’inflation,
- femmes élevant seules leurs enfants,
- personnes seules avec l’AAH ou le RSA,
- personnes qui ont renoncé à faire les démarches administratives pour ouvrir leurs droits.
Particulièrement exposés à l’inflation, les ménages les plus modestes que nous rencontrons ont des budgets tellement contraints que la moindre hausse des dépenses d’alimentation ou d’énergie les fait basculer dans le rouge. Nous plaidons pour garantir à chaque ménage un revenu minimum arbitrable permettant de sortir de la grande pauvreté ou de ne pas y tomber, pour que chacun.e puisse contribuer sans crainte du lendemain à la société.